Audio Tour – Francais
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Texte
Soyez les bienvenus à cette portion de côte qui, de par son aspect, nous a inspiré le nom de Costa Quebrada, ce qui veut dire côte accidentée. C’est à cause de sa richesse géologique que nous créons cette Route de la Géodiversité où nous nous trouvons actuellement.
La particularité de la Costa Quebrada réside en sa Géodiversité, en tant que variété de structures, de formes littorales, de roches, de sols, de fossiles et d’autres manifestations qui, au sein d’un cadre de quelques kilomètres, nous permettent de dévoiler de nombreuses pages de l’histoire géologique de notre terre en mettant en évidence les processus qui l’ont modelée, les climats et les paysages du passé et du présent y compris la diversité et l’évolution qui ont engendré la vie sur ce contexte géologique.
Ces audioguides que vous écoutez doivent être utilisés conjointement avec les panneaux d’interprétation qui se trouvent dans 8 points de cette côte, (La Virgen del Mar, San Juan de la Canal, Covachos, La Arnía, Los Urros, Portio, Somocueva, et el Madero) avec lesquels il est préférable d’effectuer l’observation de la majeure partie des contenus exprimés.
Avec l’aide de cet audioguide, nous espérons que la visite vous plaise et que nous puissions vous transporter au moins dans une partie sommaire de l’histoire écrite dans les roches.
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Texte
Il y a plus de 120 millions d’années, la côte sur laquelle nous nous trouvons était seulement un point dans le fond de la mer. Les énormes forces internes de la Terre avaient séparé les continents africain et sud-américain en formant l’Océan Atlantique. En même temps, la côte nord de la péninsule ibérique se sépara de la côte occidentale française et au milieu, dans l’espace compris entre les anciens rochers de Bretagne et de Galice, apparut la jeune Mer Cantabrique.
La plus grande partie de la Cantabrie se trouvait alors immergée sous cette mer tandis que dans son fond se déposaient du sable et de la vase charriés par les rivières et de riches récifs tropicaux apparaissaient, remplis d’organismes inconnus à ce jour et qui à leur tour, étaient enterrés par de nouvelles couches de matériaux détachés. Les changements climatiques se succédaient lentement, apportant et emmenant à la faveur des eaux chaudes et froides, de nouvelles formes de vie depuis le sud ou depuis le nord et la mémoire de ces faits resta enfouie dans les sédiments qui, au fil des siècles, des millénaires et des millions d’années se transformèrent finalement en couches planes de roche solide.
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Texte
Après s’être accumulés durant des millions d’années et après avoir formé des couches planes de roche solide, les dépôts de matériaux furent bouleversés par un événement particulier : l’Afrique commença à se déplacer vers le nord en compressant les roches jeunes qui se trouvaient entre ce continent et l’Europe. Ces roches se plissèrent et s’élevèrent en formant des chaînes montagneuses que nous trouvons, à ce jour, au sud du continent européen : la Cordillère Cantabrique et les Pyrénées, les Alpes, les Balkans et les Carpates.
Les roches de la Costa Quebradra furent également affectées et les couches horizontales se plissèrent en formant un énorme pli s’étendant d’Ouest en Est et en émergeant du fond de la mer afin d’être soumis à l’érosion des éléments.
Ce plissement a donné lieu, dans la Costa Quebrada, à un riche sillon de formes érosives et de dépôts de sable où l’on peut trouver des exemples de pratiquement tout type de structure caractéristique d’une zone côtière.
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Texte
La pression de l’Afrique sur le continent européen, en plus des chaînes montagneuses du sud de l’Europe, entraîna de différents et énormes plis dans la croûte terrestre, avec des parties présentant une convexité vers le haut, appelées anticlinaux et d’autres présentant une concavité vers le bas en forme de vallée, appelées synclinaux. Les roches de la Costa Quebrada se trouvent dans l’un de ces énormes synclinaux, lequel s’étend d’Ouest en Est et occupe pratiquement toute la péninsule où est établie la ville de Santander.
La Virgen del Mar se trouve pratiquement au centre de ce synclinal où les couches de roche ou strates sont presque horizontales. Mais dès que nous avançons vers l’est ou l’ouest, elles commencent à se courber en produisant deux types différents de côte. L’une étendue vers l’Est où ces strates descendent doucement vers la mer et l’autre vers l’Ouest qui devient de plus en plus abrupte à mesure que les strates s’inclinent de plus en plus jusqu’à parvenir à se mettre presque verticaux.
Ces roches du centre du synclinal sont les plus récentes de la Costa Quebrada et de la Cantabrie, en général. Autrefois, elles se trouvaient immergées et abritent dans leur sein des fossiles d’organismes semblables à ceux qui, à ce jour, peuplent nos mers.
Entre l’île de la Virgen del Mar et les falaises sous lesquelles nous nous trouvons, une fracture dans les roches a été agrandie sous l’effet de la houle. De plus, la mer dépose peu à peu du sable dans ce canal abrité en créant une plage qui est seulement à découvert à marée basse.
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Texte
La surface de la mer sépare deux mondes différents mais il ne s’agit pas d’une frontière rigide. Entre le monde purement marin et celui purement terrestre, on trouve une série d’écosystèmes intermédiaires peuplés par des êtres qui supportent ces conditions intermédiaires et changeantes.
La végétation dans cette zone est celle caractéristique des zones escarpées du Cantabrique et se répartit de manière que chaque plante occupe un lieu où la profondeur du sol et le niveau de salinité provenant de la houle et des vents qui viennent de la mer, soient appropriés afin de permettre leur survie.
Au printemps, sur les roches calcaires, entre de nombreuses autres plantes, fleurissent les ?illets de mer qui s’ouvrent en forme de petites fleurs sphériques roses très aromatiques qui offrent un riche et doux nectar aux insectes dont elles dépendent pour leur pollinisation. C’est de ces insectes que s’alimentent d’autres organismes dont font partie les petits lézards et certains oiseaux.
Il est facile d’apercevoir le rouge-queue parmi les rochers. C’est un petit oiseau qui agite frénétiquement sa queue quand qu’il cherche sa nourriture sur les falaises côtières où il fait son nid.
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L’anse de San Juan de la Canal s’ouvre à la mer à l’endroit où les roches les plus jeunes de la Costa Quebrada sont en contact avec les plus anciennes.
C’est ainsi que la plage sépare ces matériaux plus anciens qui se déposèrent à la fin de l’ère des dinosaures (à notre gauche) de celles qui se déposèrent après leur extinction (à notre droite).
La propre anse et les roches se trouvant au centre de la plage appartiennent à des roches plus jeunes et continuent dans la falaise qui s’étend à notre droite jusqu’à l’île de la Virgen del Mar. Si, en revanche, nous nous dirigeons vers l’ouest par la côte en direction de la plage de Covachos, nous trouverons des roches chaque fois plus anciennes.
L’anse est située à l’endroit où se trouvent des roches, les dolomies, que l’eau de pluie dissout très facilement. Il y a encore des vestiges de cette roche qui apparaissent dans une file qui va du rocher à votre droite sur la promenade pavée jusqu’au rocher troué qui se trouve au centre du sable.
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Le promontoire à votre droite sépare la plage de la ria de La Canal. Dans ce petit estuaire rocheux, débouchent toutes les eaux superficielles provenant du versant oriental de la Picota, auxquelles s’unissent celles qui proviennent des villages de Moño et de Azoños par l’intermédiaire du ruisseau Otero. Ce ruisseau a subi un brutal endiguement qui l’a dépouillé de son aspect naturel sur une bonne partie de son cours, en plus de tout type de déversements et autres agressions, ce qui a pour effet de le transformer en un point noir du réseau fluvial de la Cantabrie.
A l’endroit où l’Otero rejoint la ria, il y a les vestiges d’un moulin qui, jadis, exploitait la force du vent pour moudre du maïs. Aujourd’hui, cet important témoignage de l’activité humaine sur la Costa Quebrada est oublié dans le fond de La Canal.
Autrefois, cette entrée de la ria fut un emplacement privilégié pour la pêche de la civelle. Au cours des dernières années, la quantité d’exemplaires a baissé jusqu’à quasiment disparaître.
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La partie arrière de la plage, à votre gauche, est bordée par un petit escarpement, témoin de temps pas trop lointains où l’actuelle plage ne disposait pas de sable et l’action destructrice de la houle arrivait facilement jusqu’à ces rochers.
Postérieurement, cette petite anse accumula du sable : Ce sable qui arrive avec les marées de l’été se sèche au bord et le vent de nord-est, dominant durant l’été, s’accumule au fond de la plage, à votre gauche, en formant une petite dune. De petites plantes comme le chiendent et l’euphorbe, capables de supporter l’aridité et la pauvreté du sable, se sont chargées de fixer avec leurs racines les minuscules fragments minéraux en offrant ainsi l’un des systèmes écologiques les plus limités, vulnérables et malmenés systèmes écologiques de la côte : les dunes.
Autrefois, cette dune a occupé tout le fond de la plage mais, l’ancien parking, devenu à ce jour une promenade dallée, et le piétinement permanent des accès à cette populaire plage, réduisirent considérablement son extension.
En 2007, il fut installé dans la zone verte sur la plage, une horloge solaire qui décrit les processus biologiques et climatologiques propres à la Costa Quebrada en les mettant en relation avec l’époque de l’année, la température ou le changement climatique.
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A Covachos, les roches et le sable doré que la mer charrie et dépose peu à peu, sont impliqués dans un jeu avec les tempêtes, les vagues et les marées. Il en résulte que nous avons l’une des plus singulières et attractives formations géologiques de la Costa Quebrada.
En face de nous, nous avons l’Île del Castro, seul vestige dans cette zone de la ligne de côte. Au début, ses couches de roche inclinées unissaient l’île à la côte par la saillie à notre gauche. Le petit versant qui est au sommet, faisait partie d’une vallée fluviale où coulait un ruisseau qui débouchait entre el Castro et la falaise que nous voyons à notre droite. Pourtant, l’érosion marine détruisit au fur et à mesure une partie des roches en ouvrant une anse et en séparant l’île de la côte d’où le fait que cet ancien ruisseau se jette maintenant dans les hauteurs de la falaise au lieu de le faire au niveau de la mer.
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Le résultat des processus érosifs à Covachos est une anse semi-circulaire avec une île en face. Le sable que la mer dépose dans les endroits abrités détermine la plage semi-circulaire sous la haute falaise.
El Castro est un obstacle que la houle doit éviter afin d’arriver à la côte, en le contournant, de façon que dans la partie protégée (après l’île), les vagues provenant de chaque côté se rejoignent et se heurtent entre elles en laissant dans cette ligne le sable qu’elles transportent par le fond. C’est de cette manière que se forme le tombolo, cette bande de sable qui relie l’île à la côte à marée basse.
Dans les fonds de l’anse pendant la marée basse, on discerne dans le sable une plateforme plane formée par les bords droits des couches de roche qui s’étirent d’Ouest en Est et qui furent coupés par la même houle qui s’ouvrit un passage à travers l’anse.
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Tout au long de l’été, sur les roches planes de la plateforme, prospère la caloca, une algue de couleur grenat qui avec l’arrivée de l’automne est arrachée par la houle et déposée en grand tas dans les anses protégées comme celle-ci.
La Caloca est extraite et se destine à la fabrication de gélatines pour des utilisations pharmaceutiques, cosmétiques et scientifiques et pendant des années, elle a été une ressource complémentaire pour les habitants de la zone. En fait, on peut encore voir, au bord de la falaise, les restes oxydés de la structure de “l’ascenseur” qui à l’aide d’un système rudimentaire de poulie servait à monter les algues jusqu’au chemin.
Ces terres immergées d’algues offrent une nourriture et un abri à une grande quantité d’animaux qui sont également entraînés par ces marées dans un riche méli-mélo.
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La plage et la plateforme de la Arnía constituent un spectaculaire ensemble de formes littorales.
Devant nous, une couche de roche s’élève presque verticale contre la mer. Il s’agit d’un calcaire de couleur foncée qui agit comme une muraille en protégeant de l’érosion les couches de roche tendre et grise qui se trouvent derrière.
La couche de calcaire foncé résistante a été détruite par la houle dans différents points et ses restes forment une file de rochers abrupts. Deux d’entre elles, sur d’imposants rochers escarpés, ferment la plage par le nord en protégeant efficacement les roches tendres du monticule se trouvant derrière.
Cette roche calcaire de couleur foncée est très différente des plaques argileuses grisâtres, plus récentes, qui se trouvent sous elles. Cette différence est due au fait que quand la première de celle-ci était en train de se déposer dans une mer chaude et limpide, il se produisit un important changement climatique. Ce changement fit que les eaux propres où se formait le calcaire dur, se troublèrent en déposant, depuis lors, les argiles qui composent les vulnérables roches grises.
A travers les couloirs ouverts par la houle dans cette grande muraille dorée, la mer est capable de passer pour attaquer les roches les plus tendres anciennement protégées par le contrefort. Ces pierres se sont érodées rapidement et le résultat est une plateforme rocheuse plane qui reste à découvert à marée basse. Cette plateforme est entourée par une haute falaise semi-circulaire qui se trouve dans un processus d’érosion rapide.
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Sur la plateforme, la marée basse laisse à découvert un écosystème très particulier qui se développe dans les confins du monde marin, soumis au va-et-vient de la marée où les conditions de vie sont très sévères : l’assèchement, l’augmentation des températures dans les bassins, l’attaque de la houle et l’isolement des organismes à marée basse?
Cette plateforme est sillonnée de crêtes et de canaux parallèles à la ligne de la côte. Les êtres sont répartis dans ces crêtes et ces canaux selon le temps qu’ils restent exposés à marée basse : ? Dans les plus proches à la falaise et qui passent plus de temps à sec, on trouve les organismes les plus résistants comme la laitue de mer, les étrilles et les crabes marbrés. ? Sur les crêtes intermédiaires, avec moins de temps d’exposition aux intempéries, on trouve des espèces comme les patelles et les balanes qui peuvent s’isoler dans les heures de marée basse à l’aide de coquilles résistantes et imperméables tandis que dans les bassins s’implantent des colonies colorées d’anémones et d’actinies, d’oursins fixés à la roche, de corallines allongées à corps minéral et d’autres organismes qui ne supporte pas l’assèchement. ? Dans les canaux les plus proches à la ligne de marée basse, nous pouvons observer les algues et les animaux de zones plus profondes qui se trouvent ici sur les flancs des crêtes.
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A partir de cette falaise, nous pouvons profiter de ce panorama privilégié où des rochers escarpés, des promontoires et des îlots attirent notre regard.
Si nous portons notre attention sur l’aspect des roches, nous pourrons distinguer trois types différents. Toutes celles-ci forment des couches planes que les énormes forces de la Terre poussèrent jusqu’à s’élever presque verticalement.
La file éloignée d’îlots qui s’avancent dans la mer fait partie d’une couche de roche calcaire qui résiste à l’élimination par la houle. Plus près, une nouvelle couche de calcaire de couleur foncé supporte également l’action permanente de la mer en préservant les tendres roches argileuses grises appelées marnes.
Chacune de ces couches qui à l’origine se déposèrent en grandes plaques horizontales dans le fond de la mer, représente des conditions climatiques qui en changeant occasionnèrent le dépôt des nouveaux matériaux de la couche suivante.
Non seulement ces changements climatiques modifièrent le type de roche qui était en train de se constituer mais aussi, les organismes qui habitaient dans cette mer. Nous connaissons ces changements grâce aux fossiles. Il s’agit de restes d’anciens petits animaux qui nous révèlent les modifications dramatiques sur leur milieu. Les orbitolines se trouvaient parmi ces organismes marins qui restèrent incrustés dans la pierre.
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Les îlots blanchâtres en ligne et qui sont plus éloignés sont les restes d’une couche résistante qu’il y a bien longtemps, fut anéantie. Sur ces îlots, les oiseaux marins trouvent un bon endroit pour nicher. La couche tender qui se trouve entre eux et la côte actuelle fut rapidement démantelée, ce qui fait que nous ne pouvons voir ses restes immergé sous l’eau.
La suivante couche dure qui résiste encore à ce jour est le calcaire foncé qui compose les aiguilles de roche face à nous. Cette couche continue vers votre droite en formant la falaise qui va jusqu’à la Arnía.
Ces aiguilles sont des parties qui n’on pas été encore abattues par l’action de la houle qui est déjà en train d’attaquer les couches de roche grise sur lesquelles vous vous trouvez, en formant dans le fond une petite plateforme où reposent quelques fragments détachés de roche dure dorée.
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Sur les falaises dorées poussent les plantes caractéristiques de ces lieux, acclimatées aux dures conditions de vie et au maigre sol tandis que dans les couches grises, la rapide érosion ne permet pas aux plantes de se fixer avec autant de sécurité.
Au-dessus, la présence de sol végétal que nous pouvons observer en haut des falaises. On trouve la bruyère qui s’habille de rose en automne. Des quatre espèces de bruyère de la Costa Quebrada, la plus importante est une bruyère rampante, l’Erica vagans (bruyère vagabonde).
D’autres espèces de fleurs plus grandes s’unissent à cette bruyère aux nombreuses petites fleurs qui s’accumulent aux extrémités de ses courtes branches. Parmi toutes celles-ci, c’est la bruyère cantabrique, la Daboecia cantabrica, qui attire le plus l’attention et est endémique de cette région.
Auprès des bruyères, on trouve des plantes épineuses comme l’ajonc et le genêt qui, pendant le printemps, teignent le maquis d’une belle couleur jaune.
Ces bruyères côtières sont menacées dans toute l’Europe, ce qui fait qu’elles sont protégées même si elles continuent à subir les effets du passage de véhicules.
Les prés, aux alentours, forment de confortables tapis de fine herbe, l’herbe des amoureux, une Fétuque. Ces taches herbeuses sont également menacées par le passage des voitures.
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C’est depuis ici, au fond de la plage de Portio que nous pouvons voir, cette fois-ci, les trois lignes de côte qui composent essentiellement le profil de la Costa Quebrada.
La plus lointaine et ancienne est celle de los Urros que Pereda citera dans Sotileza quand fuyant la galerne, les barques revenaient au port. De cette bande de terre calcaire massive formée sur un très ancien récif tropical, il ne reste seulement que ces îlots et la presqu’île qui, un peu plus loin, abrite la crique de Somocueva.
Derrière, une seconde couche de roches tendres a été entièrement démantelée, à l’exception de l’isthme de Somocueva, une fine bande acérée de roches tendres qui unit encore cette dure presqu’île à la terre ferme.
La suivante ligne résistante, dont les matériaux forment les deux extrémités de l’entrée de l’anse, est composée de roche calcaire. Cette roche s’élève sur les rochers escarpés bruns pratiquement verticaux sur lesquels nous avons marché comme certaines zones où la mer n’a pu encore la démanteler.
A l’abri de ces roches calcaires résistantes, s’accumulent des couches argileuses grises en forme de minces feuilles verticales. Ce sont des marnes, des roches dans lesquelles l’argile est consolidée par différentes quantités de calcaire. Plus il y a de calcaire, plus résistante est la plaque de roche et résistera encore mieux aux assauts de la mer. Si nous parcourons la plage à partir du panneau d’interprétation jusqu’aux roches calcaires résistantes, nous serons en train d’effectuer un voyage dans le temps de quelques dix millions d’années. De nombreux événements de ce temps sont restés inscrits dans la roche.
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Devant nous, se trouve Las Cerrias, le meilleur exemple sur la Costa Quebrada et le plus lamentable sur la côte Cantabre du désastre que l’être humain est capable de causer sur le paysage. Tout ceci étant le résultat de la spéculation urbanistique et de l’abus du patrimoine public.
Ce processus de destruction du paysage côtier est étonnamment récent puisque cela fait à peine 15 ans qu’il a débuté en enfreignant la loi des côtes et à ce jour, encore loin de disparaître, qui se poursuit en recherchant les possibles espaces vides pour mettre la prochaine brique et ainsi donner cet effrayant résultat que nous pouvons contempler.
C’est un exemple manifeste du paradoxe motivé par la poursuite de cette “qualité de vie” sous forme de résidence près de la mer qui se traduit finalement en un ghetto de maisonnettes entassées, où le ciment est beaucoup plus présent que la propre mer.
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Il y a environ 120 millions d’années, la Costa Quebrada était encore immergée dans la mer. Sur la terre ferme, les dinosaures dominaient les écosystèmes et laissaient leurs traces dans les gisements du Nord de la Castille, de la Rioja et de l’Aragon où se trouvait la ligne de côte.
La mer où se constituaient les roches qui aujourd’hui composent la Costa Quebrada était une limpide mer tropicale dans laquelle se formait un grand récif de coraux où dominaient une série de grands mollusques semblables aux actuelles palourdes mais dont les deux coquilles était entièrement asymétriques avec une forme de grandes cornes tordues.
Les vestiges durs de ces êtres, mêlés aux fins limons riches en calcaire s’accumulèrent en une épaisse couche qui fut recouverte par d’autres matériaux. Ces matériaux avec leur poids la compactèrent et la transformèrent en une roche dure calcaire qui est celle de nos jours.
Quand les forces de la Terre plissèrent toutes ces couches de roche, l’érosion exercée par les éléments mit au grand jour ces anciens matériaux qui durant une longue période résistèrent aux assauts de la mer dans la plus ancienne des lignes de cette portion de côte et, où à ce jour, subsiste un fragment allongée qui forme la presqu’île de Somocueva.
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Le temps où le récif tropical forma la presqu’île de Somocueva et des Urros fut interrompu par un changement climatique. A l’intérieur des terres, les précipitations se multiplièrent et les rivières de ces temps lointains entraînèrent à la mer de grandes quantités de sable et de limon qui enterrèrent le récif en anéantissant les êtres vivant qui l’avaient formé. Ces animaux nécessitaient des eaux dépourvues de sédiment et cette côte ne présentait plus ces conditions.
Durant les 15 millions d’années suivants, une vaste plage déposait son sable dans la zone et, de temps à autre, elle était remplacée par une ria comme celle que nous trouvons aujourd’hui dans l’embouchure du Pas. Dans ces périodes, des particules de fin limon foncé se déposaient. Le temps et la pression ont finalement pétrifiée cette ancienne plage.
Cette succession de roches sableuses et limoneuses occasionna les couches de roche plus vulnérables de la Costa Quebrada qui ont été pratiquement toutes éliminées de la zone une fois que l’action destructrice de la houle dépassa la ligne des Urros. Pourtant, la presqu’île de Somocueva a protégé les derniers vestiges de cette énorme plage pétrifiée dans l’étroit isthme qui l’unit au continent.
Tout au long de cette bande affilée par laquelle nous descendons à la plage, nous trouvons des couches de sable interrompues par une roche limoneuse de couleur grise bleutée, avec certaines portions aux couleurs du souffre. Ce sont les derniers témoins de ces temps de sable sur la Costa Quebrada.
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La plage de Somocueva reçoit le sable que la proche rivière Pas charrie vers la mer Cantabrique.
Ce sable s’accumule dans la plage aux marées de printemps et d’été et parfois est retiré vers l’intérieur des terres par les tempêtes hivernales. Une fois que le sable est exposé aux intempéries, le vent l’entraîne et il s’accumule dans les zones protégées au fond de la plage. Là-bas, il est fixé par les racines des plantes spécifiques, comme le chiendent ou l’euphorbe, qui produisent un système vivant très fragile et vulnérable. Il s’agit de la petite dune qui s’appuie sur l’isthme.
Malheureusement, cette dune, très sensible au piétinement, est située dans la zone où il est facile d’accéder à la plage de la Paloma qui se trouve à l’Est de la bande rocheuse qui unit la presqu’île à la terre. C’est ainsi que le va-et-vient de personnes sur cette seconde petite plage met en danger et a détruit une bonne partie de cet écosystème. Pour cela, une série de mesures a été prise comme la clôture et l’utilisation d’écrans végétaux qui retiennent le sable. Ces mesures peuvent s’avérer insuffisantes si les personnes continuent à traverser la dune.
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Les couches planes de roche qui se formèrent lentement dans le fond de la mer en déposant peu à peu de l’argile et des restes durs d’êtres marins, montrent ici leurs bords érodés. Ces couches se trouvent plissées et inclinées par les énormes forces de la Terre.
C’est un paysage qui change continuellement même s’il le fait au rythme imperceptible de la longue vie des roches.
Fermant l’anse, la couche de calcaire foncé, très résistante, déborde de la côte en une muraille inclinée. L’attaque permanente de la mer l’a débarrassée des roches grises qui s’appuyaient sur elle. Au loin, au fond de la petite plage, il y a encore certaines couches fines de roche argileuse, appelée marne qui s’accumule en de fines plaques. Ces plaques de roche resteront fixées au calcaire tant qu’elles soient capables de résister aux coups de mer dans cette position abritée.
Sur la muraille, la houle a creusé deux crevasses dans les parties les plus fragiles où passent les vagues les plus hautes. Les roches grises qui se trouvaient appuyées derrière ont été détruites en se brisant en feuilles et en formant une falaise grisâtre et nue qui recule siècle après siècle.
Plus loin, dans un troisième point fragile, on commence à constater les effets de l’érosion persistante de la mer : A travers un petit orifice ouvert sur la base de la muraille, la tendre marne grise s’érode peu à peu en formant un entonnoir, un ?il de mer.
Dans quelques milliers d’années, le trou dans les marnes s’étendra jusqu’à la zone plane érodée, agrandissant ainsi la plage. Celle-ci est la façon dont se forment les plus spectaculaires structures de la Costa Quebrada.
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A vos pieds, une profonde crevasse pénètre dans la terre. C’est le point fragile où la mer est capable d’ouvrir son chemin. Il s’agit d’une grande fracture qui rompt toutes les couches de roche. Ces couches se sont déplacées des deux côtés de cette fracture. Nous marchons maintenant sur une roche dure de couleur foncée qui continue en formant la ligne des falaises qui amène jusqu’aux plages de Liencres.
Cette couche de roche est la même que celle qui forme la muraille qui ferme par le nord l’anse del Madero et qui dans le passé, se trouvaient unies en une seule bande. Maintenant, les deux parties sont séparées par des centaines de mètres.
Dans cet énorme déplacement, la roche dure sur laquelle nous marchons a réagi en se divisant tandis que les roches argileuses grises se plissèrent en se déformant.